RON CARTEL: Don’t Make The Monkey Drunk (2014)

Né de parents italiens et élevé à New York, Ron Cartel a versé très jeune dans divers courants musicaux comme le rythm n’ blues, le jazz, la soul, le blues ou le gospel. Il a bossé avec des grands noms de la musique : Steve Gadd, Dr John, The tower of power horns (oui, oui, les mêmes qui ont joué avec Molly Hatchet), Sonny Sharock ou Jeff Healey. En 2001, il émigre en Suisse et fait de nouveau des séjours aux States depuis 2012. Dressons donc un inventaire des moments forts de son dernier album.

Dès le début, nous sommes transportés en pays vaudou avec « House of Mojo » et son intro à faire frissonner (orage, bâton de pluie des sorciers et dobro inquiétant). Le titre en lui-même n’est pas sans rappeler « Willie the wimp » et est agrémenté d’un solo d’orgue. « Last two dollars », mélange de blues et de soul, nous gratifie d’un bon solo de guitare. J’apprécie grandement « Bluesville », un blues au tempo médium, qui accroche bien avec son solo de slide joué sur les cordes graves, ce qui donne de l’épaisseur au morceau. Ron Cartel reprend avec pêche et authenticité « God moves on the water » de Blind Willie Johnson. L’arrangement traditionnel (dobro, contrebasse et batterie) très bien choisi fait de ce titre l’un des meilleurs de l’album avec « Bluesville ». « My world », un blues tonique, se laisserait bien écouter au fond d’un bar moquetté de la cinquième avenue. Une mention particulière pour le solo de guitare wah wah pas piqué des hannetons.

Ron étale avec talent sa voix inégalable de crooner sur un slow jazzy, « I hurt everybody ». Et puis, j’aime aussi « Last shirt », un superbe jump blues (avec une intro de piano à la Dr John) qui s’accélère en gospel.

En bonus, nous avons droit à deux titres live : « Walking the dog » de Rufus Thomas, interprété dans le style de James Brown, et « She’s nineteen years old » de McKinley Morganfield alias Muddy Waters. Sur ce dernier titre, le guitariste (qui a bien écouté Clapton) assure un max et nous en met plein la vue.

Au final, s’offre à nous un disque varié qui reflète le mélange des influences musicales de son auteur, avec des arrangements très riches et la voix incomparable de Ron, taillée pour le blues, la soul et le jazz. Very good !

Olivier Aubry